Tout droit sorti de mes cahiers d'écriture, des textes que j'ai écrit, anciens et nouveaux, histoire de vous délecter l'esprit avec des surprises. Allez-y un à un ou plusieurs à la fois pour les gourmands.
Saturday, December 5, 2009
Cigare
Humer un cigare c’est respirer le sexe.
Le partager c’est le baiser discret,
L’échange de fluide, complice
L’interdit, les non-dits consentants.
Le voile épais qui rempli l’espace
Et l’esprit
Donne au boudoir des airs de jazz,
Enveloppe la tête de la voix chaude.
Le temps fléchi, le corps s’éteint
Les sens s’ouvrent aux couleurs chaudes
Les flammes dansantes des chandelles,
Comme la tulipe au soleil des matins de mai.
J’entends la basse vibrer
Les atomes s’excitent
C’est l’heure noire
Celle du début de la nuit
Où les sens sont vifs
Où commence à se faire sentir
L’effet de l’absinthe
Le feu brûle, rouge,
Le collet du fumeur
Vif et jaune alors que l’allumette scintille
Il fait son chemin jusqu’à brûler les doigts.
Puis l’alcool coule à flot
Cascade sur la langue
Chute dans la gorge
Noie l’âme.
C’en est fait du présent
Le temps est mort
Les sens s’emballent
C’est l’instant volute
Puisse-t-il durer,
Tuer le quotidien
Jusqu’à demain.
SB
E: 10 juin 2006
Sunday, November 29, 2009
Loup Gris
Loup
solitaire
des grandes
solitudes
oubliées,
des espaces
balayés,
des forêts
cicatrisées.
Cris en silence,
pleure,
nul n’y pense.
Meurs
on t’oublie.
Poussière
tu es reparti.
SB
E:
Monday, November 23, 2009
L’Inde à vélo
Pour moi l’Inde c’est comme lorsque j’ai appris à faire de la bicyclette. Cet été de mes 6 ans où j’avais reçu ce beau bicycle « gold » avec un siège banane. J’étais tout excité devant ce bolide de grands qui allait certainement impressionner plus d’un copain. Au début c’est épeurant. J’étais bien content d’avoir des petites roues. Tout est nouveau, tout va trop vite. Aucun de mes repères ne semblait trouver prise pour m’ancrer solidement et me dire par où commencer. Mes réflexes de tricycle n’étaient plus du tout adaptés! Je trouvais ma monture haute et chancelante (toujours à tanguer sur une petite roue ou une autre). Chocs après chocs, je tombais et retombait. Je me frappais, je me faisais mal. Je ne voulais plus apprendre.
Les odeurs d’urines, les pauvres et éclopés partout sur la rue, sur les trottoirs; la densité de gens, partout, peut importe où l’on essaie de se « cacher », la folie des chauffeurs d’autobus, d’auto, de vélo et de rickshaw, la bureaucratie, la pollution, les maladies, l’insalubrité, la décrépitude des trottoirs, des maisons, des palais…
J’en suis même arrivé à douter. Qu’est-ce que les gens peuvent bien y trouver de plaisant? Il doit y avoir autre chose, quelque chose que je ne comprends pas car ils sourient et semblent prendre plaisir à circuler à vélo. Je reluquais mon tricycle…
On réessaie! C’est plus facile. Je sais que ça ne compte pas avec les petites roues, mais au moins je roule, Na!
Alors on s’exclame devant l’explosion de couleurs, d’affiches et de building. Des vieux édifices publics aux forts accents coloniaux, des boutiques de rue si petites qu’à faire du lèche vitrine on risque d’embrasser le vendeur, aux taxis Ambassador tout droit sortis des années 30. Des couleurs bien à eux, des couleurs nouvelles, des formes connues dans un ensemble tout nouveau.
Un bon matin en se levant, une folie m’a prise. Je suis allé dans la cuisine endormie du samedi matin. D’un regard décidé j’ai fixé mon père et je lui ai dit : « Papa, aujourd’hui je veux apprendre à faire de la bicyclette comme un grand! Je veux enlever les petites roues de sur ma bicyclette. » Ça semblait aussi simple que ça.
Paf, je tombe! Je tombe malade. Bienvenue les colliformes avec votre fièvre et la diarrhée par les 2 bouts.
Le plaisir semble bien loin ;-)
Mon père avec sa grosse main a pris l’arrière de ma bicyclette dorée. Je tangue à en attraper un mal de mer, je me fiais sur la main forte, rassurante qui me remettait d’aplomb. Tout semble rouler depuis quelques instants. Je regarde par dessus mon épaule, juste derrière, pour lui sourire et l’inciter à ne pas me lâcher… et je le vois loin, là-bas derrière… j’avance seul. Et Paf, je tombe encore! Dans le piège du vendeur déguisé en guide d’information touristique, paf, j’arrive à la fin du bout de la queue après avoir « laissé passer » tout le monde…
Mais j’ai réussi. Je sais que je suis capable! C’est là que le fun commence. Je relève tranquillement la tête et je commence à prendre plaisir à rouler. La vitesse, le vent dans mes blonds cheveux, les gens, les sourires, leur accueil spontané, sincère et chaleureux. La curiosité toujours pour nous connaître un peu plus et nous remercier d’être venus voir leur pays nous qui venons d’un si beau pays.
On compte beaucoup plus de journées de plaisir à mesure que l’on prend l’habitude et de l’assurance. Je peux sentir maintenant ce qui faisait sourire les gens à vélo, je peux sourire moi-même.
Car je suis émerveillé par cette culture vieille de 3000 ans qui a su influencer le monde et incorporer ce que le monde lui a retourné. Car je suis enivré par les odeurs d’épices, si variées, en pleine rue, à chaque bouffé d’air chargée de saveurs de curry, de muscade, de poivre, de chai et de cumin. Car je suis embalé par ce peuple, ses coutumes, ses saris et ses mets variés d’une région à l’autre, du nord au sud et de l’est à l’ouest. Ses purry, ses tandoori, ses biryanis, les lassis, ses thalis et ses idlis.
De temps à autre ma trop grande témérité me plonge à nouveau sur le bitume, comme cette fois où j’ai voulu sauter avec une planche mal installée sur un bloc de ciment un peu trop immobile. Et cette fois encore où j’ai mangé ce que je n’avais ni commandé ni espéré.
Mais dans l’ensemble je souris. Et je connais maintenant mon vélo, les règles qu’il faut respecter pour qu’il continue de bien rouler en me gardant bien en selle et je connais mes capacités. Je peux donc explorer autant que je peux endurer de crampes dans mes mollets fatigués.
Je connais les règles du jeu ici désormais. Une nation plus vieille, beaucoup plus complexe que ce que j’ai visité que je peux désormais apprivoiser selon mes goûts et mes intérêts. Un autre voyageur ira par des chemins bien différents cueillir d’autres expériences qui l’emballeront tout autant. Cependant, nous aurons tous pris le temps d’apprendre à pédaler. L’Inde doit s’apprivoiser une côte à la fois au cours d’une longue randonnée. Ce n’est pas un pays que l’on peut sprinter. Les mystères du Rajasthan, de l’Hindouisme, des castes et du Kamasutra sont les prochaines avenues que j’emprunterai car je sais que peu importe les côtes à monter, mes cuisses pourront supporter les gorges et les cols escarpés de ces contrées non encore visitées..
Aujourd’hui, est-ce que vous accepteriez de renoncer aux plaisirs du vélo? Et la beauté de ce sport ne réside-t-elle pas dans le fait que tu ne sais jamais quand un caillou se plantera sous ta roue?
Sébastien Barrette
E: 15 janvier 2003
Sunday, November 8, 2009
10 fois plus, 10 fois rien
Inde, Kolkata,
99 roupies.
Je m’attendais
à 9 roupies.
10 fois plus,
surpris, débalancé
j’hésite, je me réfugie
derrière un refus
qui semble facile
qui paraît sans conséquence.
Son regard dans le mien
je regarde Marie,
nous sommes d’accord.
J’achète le lait
qui nourrira
le 7e et dernier né
dormant sur le pavé.
Au cœur de cette cité
aux milliers d’éclopés,
de mal-aimés, de mal chanceux.
Vivant sur la rue
ne connaissant pas mieux,
toujours, tous les jours, un seul but
survivre.
Pourquoi donc eux plutôt que ceux d’à côté
que ceux de l’autre côté du globe miniaturisé?
Parce qu’ils nous ont sollicités?
Parce qu’ils nous ont croisés?
Parce qu’elle s’est levée
pour nous accompagner.
Parce qu’elle a su nous toucher.
Cette histoire, comme les autres
cette histoire plutôt qu’une autre
parce qu’il faut bien commencer
à s’entraider plutôt qu’à regarder.
Parce qu’il faut bien évoluer
et commencer à cesser de consommer,
seulement,
pour commencer à partager.
Une goutte d’eau dans l’océan.
Oui, peut-être.
Mais une goutte pourtant
qui sera celle-là éventuellement
qui fera déborder l’océan.
Quelle histoire allez-vous nous raconter
ce Noël lorsque nous arriverons chez vous ?
Le cœur au partage, à l’amour,
la tête en fête, euphorique
le corps bien emballé, bien repassé.
Les bras pesant de présents
achetés pour démontrer
que l’on ne s’est pas oublié
malgré l’année passée
à poliment s’ignorer
sans se visiter.
… besoin de se déculpabiliser?
Et si l’on prenait plus de temps
à aller, à venir, à s’asseoir, à sourire.
Et si au lieu de dépenser de l’argent
nous dépensions du temps ensemble,
en famille simplement
laissant du temps, de l’argent,
de ta créativité nous ouvrir les chemins
de l’entraide vers ceux qui en ont besoin.
Un repas, une couverture, une soirée
partagée avec un humain, un ami
ceuilli au bord du chemin.
Notre petit bonheur ou le sien?
Disons le nôtre.
À petits gestes vers un demain
main dans la main.
Chacun sa façon, la tienne qui te convient
prend seulement action vers l’autre
plus que vers le magasin.
Soit humain et non sans dessein!
SB
E: 8 décembre 2002
Kolkata (anciennement Calcutta)
Monday, September 14, 2009
Coming down the stairway to heaven
Souriant comme s’il avait passé l’après-midi à discuter avec le soleil.
Heureux comme s’il avait échangé des secrets avec les vieux feuillus.
Les yeux scintillants comme s’il avait vu par delà les marches ce qui surplombe Ghorepani.
Noueux comme les cannes qui le transportent ou la route qui le porte.
Lent comme le temps qui file à regarder pousser une violette à Chitré.
Vivant de tous ses yeux qui scintillaient à contre jour.
Vivant de son sourire fier de rencontrer, de raconter.
Je me demande « est-ce que les anges doivent être en langes » ?
Car je ne sais quoi d’autre j’ai croisé.
SB
E: 05 mars 2003 - Tadapani (Jomnson trail)
Thursday, August 13, 2009
Sans coeur !
Morts dans le sang
séchés par le temps
révélés par le vent,
vos os se meurent
témoins hurlant
au fond d'une urne de ciment, avec dedans,
des bâtons d'encens se consumant.
Vos cris étouffés par les baillons
sont désormais étouffés par les fenêtres du pavillon
qui contient vos restes, vos familles, vos âmes, regroupés par âge, sans nom.
Horreurs, atrocités dont nous avons été épargnées
par notre monde aseptisé aux malheurs des autres sociétés.
Quelle tristesse, quelle sympathie
pour ces horreurs qui maintenant me pourchassent
et jouent avec les dédales où souhaite se cacher mon esprit.
Lui qui loin de la protection de la télévision ne sait plus où il s'enfuit.
Loin des cris, loin des bruits, réels ici
contrairement à l'image froide et distante,
comme un film, bombardée, incessante,
à longueur de journée.
La réalité poignante nous martèle,
comme la pluie. Le génocide nous interpelle
dans nos trippes, dans nos valeurs.
Comment a-t-on pu perpétrer telles horreurs.
L'homme et sa grandeur me donnent mal au coeur.
J'ai honte, j'ai peur
que de nouveau nous tolérions le malheur
pensant protéger nos idéaux
dictés par nos « ego »
un peu trop gros.
SB
E: 12 novembre 2002
Sunday, August 9, 2009
Nam Mae Khong
Fleuve puissant, il déplace continuellement son lit
Lourd de sédiments qu’il arrache ça et là.
Il peut accoucher, au détour d’une baisse des eaux,
D’une immense dune de sable fin.
Les habitants de son rivage, cependant,
Sont souvent chassés par les éboulis,
Forcés de se déplacer ou de reconstruire leurs maisons englouties.
Les grands arbres non plus ne sont pas à l’abri.
Gisant ça et là, leurs hautes branches, seules, pointent vers le ciel,
Suppliant le passant de les tirer des fonds mouvants du fleuve.
Voie d’eau, fleuve,
Route dans le continent qu’empruntaient les marchands
Et les conquérants.
Il est maintenant utilisé par les habitants
Et les nouveaux arrivants.
Nourricier, Prince des ventres affamés,
Tu donnes généreusement de tes produits
à ceux qui veulent bien se mouiller sur tes berges.
Roi de ces lieux, tu dictes, tu imposes.
Les vivants sur tes berges s’adaptent à tes humeurs, tes édits royaux.
Six pays issus d’une histoire grandissent sur tes rives.
De tes champs poussent des paysans,
Des gens, des enfants et des chants.
Quelques rochers subsisteront
Au milieu de rapides que tu auras tracé.
Une multitude d’histoires te raconteront.
Des peuples puis des civilisations apparaîtront.
Toi, longtemps après qu’ils se soient tus,
Tu poursuivras ta sinueuse route
Toujours bien en selle, toujours invaincu,
Toujours sans rivaux.
Sois patient.
Ces hommes sans respect qui te polluent
Ne seront qu’un souffle dans ta vie.
Tu auras tôt fait de les oublier
Sébastien
E: 26-09-2002
Tuesday, July 7, 2009
Pleure, je t’aime
Laisse filer ce gros chagrin
qui te serre dans ses mailles.
Presse ce gros gris qui flotte,
fait-en descendre les rideaux.
Je sais, je me comporte comme un malin,
je te fuis par toutes les failles.
C’est que je crains la fermeture de la porte,
seul accès au donjon du château.
Comprends moi, je ne veux être le marin
qui te laissera comme un fétu de paille
en s’embarquant avec toute la flotte
pour une vulgaire aventure de matelot.
Car je serai bien mort au petit matin,
immobile tel l’acier de ma cote de maille,
si je ne m’envole et ne joue de l’épiglotte
aux oreilles amusées des badauds.
Sébastien
Hun! rapport
Adolescents impertinents,
qui vous croyez tout puissant,
la vie se chargera de trouver la faille
qui vous mettra à nu comme une caille.
Disciples de Narcisse aux corps si beaux,
enveloppant de monstrueux ego.
Craignez le temps qui use
et l'amour qui tue.
Sébastien
Saturday, June 13, 2009
Rodin
Le visage, d'argile façonné,
se fendille et s'effrite un peu plus.
Les fissures de l'oubli courent,
du haut au bas de son front,
de gauche à droite de ses joues.
Elles créent un regard lourd
de la rigidité du matériaux.
La jeunesse de la matière,
la malléabilité des jeunes cœurs,
ont quittés cette pièce
lorsque la dernière goutte d'eau
se laissa évaporer.
La poussière tombe,
les morceaux se détachent,
L'œuvre est marquée
par l'expérience de la douleur.
Un retour de l'artiste
qui soignera la pièce
en corrigeant dans la glaise
les vestiges du temps,
peu consolider les maux
et rendre vie au portrait.
Le buste ainsi rajeuni,
pourra se fortifier
d'un travail complété
lorsque le blanc nacré du marbre
aura épousé son ombre,
patiemment ciselé.
Il vieillira désormais
au rythme que bat le temps,
sans craindre jamais
d'être désagrégé d'ici un printemps.
Sébastien
E: 13 juillet 98
R: 30 août 98
Thursday, June 4, 2009
Artistes de la rue
Et si l'on écrivait l'histoire de ces artistes de l'ombre du coin d'un oeil.
Ceux là qui pour quelques "groszy" vous livrent une parcelle de leur vie.
Musiciens de boîte à flûtes, gratteurs de guitare à contes ou raconteurs d'accordéon à chansons.
Toujours l'air triste, un peu, toujours la main ouverte, tendue.
Pourtant l'air absent, faux joyeux; ils mènent une vie de contrastes.
Natasha est piccoliste de grandes places animées. Ses airs léger emballent la foule et volent aux passants des sifflements de complicité. Son âme, pourtant, vogue sur les airs tristes du Dr. Jivago en lambeaux déchirées, errant dans la steppe desertée, congelée. Natasha s'exécute où son coeur l'appelle, près des tables en terrasse du bistrot ou des portes du caveau. Sa plus grande frousse: devoir entrer, bosser et y être prisonnière toute la journée.
Victor est directeur de boîte à musique. Il supervise le souffle des sifflets de bois, les pas des pantins de chaque coin ainsi que le ton de la musique accordée au roulement de la manivelle et aux profondeurs des pistons. Il s'installe toujours près de chez Dom Restauracyjny Gessler, le resto avec de l'herbe pour plancher car il y trouve son ombre et ses passants qu'il connaît tous par leurs paroles silencieuses et leurs regards curieux-timides. Sa plus grande crainte serait de quitter sa vie rythmée au battement de son bras tournant. Il souffre du regard quotidien de centaines d'inconnus connus, amis de la rue, qui viennent et qui vont en souriant, hypocrites, poliement.
Anais est charmeuse de corde à guitare. Envouteuse indienne, pareille, celles qu'elle gratte lui obéissent et chantent pour les auditeurs-passants des mélodies d'autre temps. Elle déploie son théâtre sur les pavés, adossée au rebord du trottoir, exposée. Ses genous sur le plastique, sur la pierre, sont usés, blessés. Son coeur congelé, tiraillé entre le désir de se lever et bouger et celui d'entendre tinter un "zloty" lancé, la fixe dans l'espoir. Ce qu'elle croit craindre le plus: perdre sa "liberté" d'aller.
Stalislav est clown. Sur son bloc, immobile, il tient la pose. Silencieux, les yeux vitreux, les muscles douloureux, il prendrait bien un repas, du repos, du soleil, juste un peu. Sans avoir à amuser petits derniers et grands bébés qui le font s'exécuter sans le payer. Il a mal à demain, pareil à l'aujourd'hui de sa peine; au présent de chaque minute où il doit cacher sous un sourire trop grand, trop rouge, trop accroché, sa détresse. Ainsi que toutes celles marquées dans les rides profondes qui s'expriment de chaque côté de ses yeux et qui servent de goutière la soirée arrivée. Il vit pour le souffle, le rire spontané d'un enfant de passage. Il vit, moi je le dis, mais le clown se meurt.
Marie-Julie est dompteuse d'inconnu, exploratrice de civilisation, entraîneuse de voyageurs, éleveuse d'un quotidien différent de demain. Elle s'exécute partout du soir au matin. Peu importe la langue ou les coutumes du public elle s'y trouve, s'y ajuste et obtient ce pourquoi elle tend la main. Son théâtre elle le déroule où le vent veut bien la porter, où la nécessité se pointe le nez. Elle a la tête trouble de nouvelles idées, de projets, de choses à raconter, de questions à poser. Mais devant elle, il n'y a que le passant inconnu pour l'écouter. Ce qui la fait le plus reculer c'est de penser que jamais elle ne voudra quitter ce monde qu'elle n'a pas adopté.
SB - Pologne, 26 avril 2003
R: 8 septembre 2010
Ceux là qui pour quelques "groszy" vous livrent une parcelle de leur vie.
Musiciens de boîte à flûtes, gratteurs de guitare à contes ou raconteurs d'accordéon à chansons.
Toujours l'air triste, un peu, toujours la main ouverte, tendue.
Pourtant l'air absent, faux joyeux; ils mènent une vie de contrastes.
Natasha est piccoliste de grandes places animées. Ses airs léger emballent la foule et volent aux passants des sifflements de complicité. Son âme, pourtant, vogue sur les airs tristes du Dr. Jivago en lambeaux déchirées, errant dans la steppe desertée, congelée. Natasha s'exécute où son coeur l'appelle, près des tables en terrasse du bistrot ou des portes du caveau. Sa plus grande frousse: devoir entrer, bosser et y être prisonnière toute la journée.
Victor est directeur de boîte à musique. Il supervise le souffle des sifflets de bois, les pas des pantins de chaque coin ainsi que le ton de la musique accordée au roulement de la manivelle et aux profondeurs des pistons. Il s'installe toujours près de chez Dom Restauracyjny Gessler, le resto avec de l'herbe pour plancher car il y trouve son ombre et ses passants qu'il connaît tous par leurs paroles silencieuses et leurs regards curieux-timides. Sa plus grande crainte serait de quitter sa vie rythmée au battement de son bras tournant. Il souffre du regard quotidien de centaines d'inconnus connus, amis de la rue, qui viennent et qui vont en souriant, hypocrites, poliement.
Anais est charmeuse de corde à guitare. Envouteuse indienne, pareille, celles qu'elle gratte lui obéissent et chantent pour les auditeurs-passants des mélodies d'autre temps. Elle déploie son théâtre sur les pavés, adossée au rebord du trottoir, exposée. Ses genous sur le plastique, sur la pierre, sont usés, blessés. Son coeur congelé, tiraillé entre le désir de se lever et bouger et celui d'entendre tinter un "zloty" lancé, la fixe dans l'espoir. Ce qu'elle croit craindre le plus: perdre sa "liberté" d'aller.
Stalislav est clown. Sur son bloc, immobile, il tient la pose. Silencieux, les yeux vitreux, les muscles douloureux, il prendrait bien un repas, du repos, du soleil, juste un peu. Sans avoir à amuser petits derniers et grands bébés qui le font s'exécuter sans le payer. Il a mal à demain, pareil à l'aujourd'hui de sa peine; au présent de chaque minute où il doit cacher sous un sourire trop grand, trop rouge, trop accroché, sa détresse. Ainsi que toutes celles marquées dans les rides profondes qui s'expriment de chaque côté de ses yeux et qui servent de goutière la soirée arrivée. Il vit pour le souffle, le rire spontané d'un enfant de passage. Il vit, moi je le dis, mais le clown se meurt.
Marie-Julie est dompteuse d'inconnu, exploratrice de civilisation, entraîneuse de voyageurs, éleveuse d'un quotidien différent de demain. Elle s'exécute partout du soir au matin. Peu importe la langue ou les coutumes du public elle s'y trouve, s'y ajuste et obtient ce pourquoi elle tend la main. Son théâtre elle le déroule où le vent veut bien la porter, où la nécessité se pointe le nez. Elle a la tête trouble de nouvelles idées, de projets, de choses à raconter, de questions à poser. Mais devant elle, il n'y a que le passant inconnu pour l'écouter. Ce qui la fait le plus reculer c'est de penser que jamais elle ne voudra quitter ce monde qu'elle n'a pas adopté.
SB - Pologne, 26 avril 2003
R: 8 septembre 2010
Saturday, May 30, 2009
Lancement
Voilà, je me lance dans le vide de votre appréciation.
J'ouvre aujourd'hui toutes grandes les fenêtres sur mes écrits.
À quoi bon attendre, de quoi ai-je peur ? En alimentant la discussion, je "dérange" le système plus tôt dans ma vie. Où tout ceci va me mener, je ne le sais pas. D'ailleurs je ne sais pas non plus où j'irais si je gardais tout ceci pour moi.
Voici donc, sorti tout droit de mes nombreux cahier d'écriture, des textes que j'ai
écrits, anciens et nouveaux, de tous les styles, histoire de vous
délecter l'esprit avec des surprises. Tout comme les "tapas", vous pouvez les déguster un à un, ou plusieurs à la fois pour les gourmands.
J'espère que vous allez aimer. Si vous n'aimez pas, à tout le moins faites-moi un commentaire constructif afin que je retravaille le tout.
PROJET
J'ai un projet que j'aimerais réaliser avec votre aide et qui part de ces textes. Je souhaite mettre ces textes en images. L'interprétation que vous ferez de mes textes sera basée sur votre expérience personnelle. Je vous invite, la main grande ouverte, à me soumettre photos et textes qui seront inspirés par ce que j'ai écrit. Je vais joindre ce que vous allez m'envoyer aux textes correspondant.
Mon image préférée précèdera le texte, les autres suivront. C'est comme un combat des images.
Plongez dans cette fenêtre sur mon esprit ;-)
Sébastien
E: 30 mai 2009
La vie...
La vie c’est comme les confettis,
plus tu t’envoies en l’air
plus il faudra que tu te ramasses
E: 3 avril 1999
Monday, May 18, 2009
Minuscule
Insignifiante dans son interstice,
vulnérable parce qu'elle est triste
fragile puisque immobile,
la flaque d'eau putride se meurt.
Elle qui peut donner la vie
aux plus dangereux vecteurs de maladie,
qui peut tuer en son sein
les germes purs y dormant,
elle stagne. À dessein ?
Un élément essentiel est absent,
celui qui les rends tous moribonds.
Le renouveau, la fraîcheur sont
seulement pour elle,
sont essentiels.
Sébastien
E: 15 janvier 1997
M: 18 mai 1997
Feuille sèche
Délicatement flotter,
se laisser pousser
pour encore dériver,
la feuille morte,
sans vie,
goûte au plaisir
d’une existence sans obligation,
d’un présent de sentiments
qui enivrent.
La liberté de penser
est sienne.
Mais sa destinée
est mienne.
Maître du Zéphir
et du Tsunami,
je contrôle son avancée
ou son recul.
La vie est ainsi faite
Les choses sur lesquelles ont se base,
se meuvent, changent et peuvent
nous laisser tomber ou nous noyer
si nous ne savons nous laisser flotter.
Sébastien
E: 10 juillet 2000
Sunday, May 17, 2009
La goutte
À l’aube,
issue d’une fine rosée venue du côté du Soleil levant,
une délicate gouttelette d’eau se laisse glisser sur la rose.
Confortablement enfouie au creux du pétale,
les premiers effluves de vie la submerge
lorsque les éternels traits lumineux l’enveloppent.
Tout doucement,
la goutte d’eau se retire de son lit soyeux et délicat.
S’agglomérant elle prend forme et laisse s’exprimer,
dans toute leur magnificence,
des rouges, des verts, des jaunes et des bleus à sa surface.
Cette goutte fluide,
translucide comme un souffle d’éther,
qui scintille sous les premiers rayons du Soleil
glisse sur le doux velours.
Courbant l’espace, le temps,
la goutte transparente glisse,
lentement,
s’arrête.
Elle épouse le pétale pour ne former plus qu’un.
La rose peut dès lors apprécier la douceur et
la délicatesse de cette passante.
La fraîcheur qui en émane l’enivre,
le monde prend soudainement des teintes inexplorées.
Dans une symbiose parfaite
ils échangent les éléments essentiels à la vie.
Mais le temps est venu.
Elle se met en marche,
lentement,
embrassant et irriguant de son corps,
de son être,
les vaisseaux nourriciers de l’hôte.
Doucement elle glisse,
courbant le pétale sous son passage,
demeure suspendue,
belle pour une portion d’éternité...
tombe.
Il se résigne,
sachant que si cette parcelle de vie
illuminée d’arc-en-ciel est confinée,
elle mourra.
Il ne peut qu’espérer
recevoir la grande voyageuse en lui
dans un futur lendemain.
Sébastien
E: 5 février 1996
Monolithe
Ma vie est pareille à celle d'un roc en bord de mer...
Je me retrouve parfois, à marée haute, isolé.
Seul, contre les éléments,
les embruns salés.
Les vents déchaînés,
me rongent alors de tous les côtés,
Ma vie ne tiens plus qu'à un monolithe.
Sébastien
E: 22 novembre 1996
Thursday, May 7, 2009
21 ans
21 ans, L'âge des remises en question,
des grandes réalisations,
des longues expéditions,
des possibles déceptions
et des nouvelles implications.
Sache qu'au sommet
tu es désormais
des premiers stages
de ton développement.
L'adulte en toi est prêt à affronter
la vie rude et sans merci
qui s'offre à toi.
Tu peux voir le chemin devant toi
comme une suite de montagne,
de vallées,
de pics escarpés
et de gorges profondes...
Tu peux tout voir ceci
en noir et gris,
mais si tu t'approches suffisamment
des vraies choses et des gens
tu verras qu'aux sommets
comme au fond des vallées
il y a tout un tas de fleurs
aux couleurs vives et animées
qui sauront ensoleiller tes journées,
t'égayer et te donner
la force de continuer.
E: 15 août 1998
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